Ces 26 juin et 30 juin, nous aurons le privilège d'inviter une grande artiste, Sarah Laulan, à deux reprises, la première fois comme metteuse en scène (Feu partout!, le 26 juin), la deuxième comme chanteuse lyrique - interprète (RÉCIfaTALe, le 30 juin). Elle répond à quelques questions pour nous présenter ces deux projets.
D'où est venue l'idée de ce projet Offenbach?
Sarah Laulan: Marianne Pousseur est LA personne qui m'a fait venir en Belgique, pays où j'ai ensuite vécu durant 10 années. Je me suis inscrite au Conservatoire royal de Bruxelles dans le seul but de bénéficier de ses conseils musicaux, et de son ouverture d'esprit. C'est Marianne qui par la suite m'a proposé de donner quelques heures de cours annuelles au conservatoire Royal de Bruxelles dans sa classe d'Art lyrique (c'est le nom que l'on donne au cours de théâtre pour les chanteurs). Cette année, sur son initiative, j'ai eu carte blanche pour mettre en scène un spectacle. Nous avons choisi Offenbach d'abord parce que c'est une écriture extrêmement théâtrale qui requiert à la fois beaucoup de qualités naturelles, et de travail : diction, jeu d'acteur, musicalité, chorégraphies, esprit de groupe (écoute, coordination), sens comique (qui nécessite à la fois créativité et précision du jeu) etc... Et enfin, parce qu'Offenbach, qui est parfois un peu trop mis de côté dans les grandes institutions, n'existe que pour nous faire du bien, et que ce serait trop dommage de se priver de son insolence et son humour débridé. Surtout lorsqu'on a encore la fougue de la jeunesse, à l'instar de ces jeunes étudiants !
Mettre en scène, est-ce quelque chose de naturel?
Sarah Laulan: Dans les diverses fomations théâtrales que j'ai suivies, il était naturel de se "regarder" les uns les autres et s'entraider à répéter des scènes. Nous appelons cela le "regard extérieur". Par la suite, j'ai écrit ou co-écrit des déroulés de récitals à thèmes, puis des spectacles entiers. C'est néanmoins la première fois que j'imagine un spectacle en étant "hors-scène" ! C'est cela qu'on appelle la mise en scène, je crois.
Cela étant dit, dans le processus de laboratoire que nous avons mis en place au Conservatoire avec tous ces jeunes chanteurs merveilleux, la mise en scène n'en paraissait que la continuité. L'idée étant d'inventer des espaces sur-mesure dans lesquels les chanteurs puissent être eux-mêmes afin de "donner de la voix". Car la voix, qui ne ment pas, nécessite que l'artiste ressente la justesse de ce qu'il va dire pour pouvoir le sonoriser harmonieusement. Pour ce qui est du "concept" du spectacle, ou de la juste interprétation des scènes, tout est déjà indiqué dans l'oeuvre, il suffit de prendre le temps de la déchiffrer.
Le rire a l'air d'être le point commun de ces projets - qu'y a-t-il à lire dans ce trait?
Sarah Laulan: Le rire est source d'énergie positive individuelle mais aussi collective. Il donne de l'énergie aux artistes, les désinhibe en leur donnant envie de se mélanger les uns aux autres, et libère le public. Le moment de la prestation donne une nouvelle dimension à la chose, quand les artistes se voient fauchés par des rires dans la salle auxquels ils ne s'attendaient pas, et qui tout à coup leur redonnent des ailes. Peut-on rire de tout nous demande-t-on. Oui nous répond Offenbach qui se moque de tout et de tous sans vergogne et nous ramène à l'auto-dérision, une médecine précieuse je le crois à notre époque.
Quelques mots sur la musique d'Offenbach? sur celle présentée pendant le RÉCIfaTALe?
Sarah Laulan: J'aime travailler sur les musiques populaires. Musiques écrites certes, car je suis avant tout une chanteuse classique - mais populaires dans le sens où l'on n'a pas besoin de mode d'emploi pour se laisser traverser et secouer par elles. Car oui, j'aime les musiques qui secouent. RÉCIfaTALe est un projet "anté-féministe", dans le sens où il nous rappelle que ces dames les chanteuses de cabaret du début du siècle dernier, n'ont pas attendu les hashtags pour dénoncer, provoquer, et secouer les consciences. Cela passe par la musique, et par le mot. Le tabou et la morale, s'ils sont sans cesse dénoncés, ne sont pas absents de notre quotidien. Venir les titiller avec un peu d'irrévérence contribue je le crois à une gymnastique nécessaire pour continuer à muscler notre liberté de penser et ressentir.
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