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Pierre et le Loup sur la route - une nouvelle création

Dernière mise à jour : 17 août

Une interview de la metteuse en scène Sophie van der Stegen, à l'occasion de cette nouvelle création de la Compagnie.

Pourquoi s'attaquer à Pierre et le Loup?

Sophie van der Stegen: Pour une fois, ça m'intéressait de travailler une oeuvre qui avait été composée pour les enfants. Comme disait Prokofiev, ce Pierre et le Loup était un cadeau, écrit et composé pour eux, en 1936, sur une commande de la directrice du Théâtre Central pour Enfants de Moscou, Natalia Satz. C'est une oeuvre jouée et rejouée, un classique, que la compagnie se devait de mettre à son répertoire. Un défi personnel.


Quelle était la difficulté principale de cette mise en scène?

SvdS: Je dirais justement: la popularité de l'oeuvre. Difficie de l'aborder sans à-priori. Aussi, ce n'est pas vraiment une oeuvre théatrale. Plutôt concertante, en fait. Le format: récitant+musiciens en fait quelque chose d'assez statique, moins théatral que radiophonique. Comme un podcast, disons. Elle est souvent présentée dans des salles de concert, avec orchestre, et l'appui d'un écran géant. Personnellement, je n'aime pas l'utilisation des écrans dans une mise en scène, je trouve que ça écrase tout. J'aime que la musique, à travers les musiciennes, soit mise en valeur, et non l'image. De plus, comme je voulais en faire un spectacle nomade et extérieur, je ne peux pas compter sur de la technique très pointue. Faire rêver les enfants, avec les moyens du bord, c'est un peu devenu la signature de notre compagnie (rires).


Pourquoi cette idée d'un spectacle nomade? et pourquoi cette touche vintage du van 80's?

SvdS: Pierre et le Loup parle avant tout de liberté, d'audace, de rébellion. D'où le côté nomade du van, selon moi, qu'on associe aussi à la liberté. Et puis, j'aime sortir du lieu classique de concerts et aller à la rencontre des gens. Cela fait partie de mon souhait plus général, celui d'explorer une façon nomade et atypique de présenter la musique classique. Avoir ce van m'en donne l'occasion. Pour le côté vintage des années 80, je pense que c'est surtout parce que j'associe Pierre et le Loup à ma propre enfance, dans les années 80. On écoutait la cassette audio enregistrée par Gérard Philippe (déjà démodée à cette époque) sur un magnétophone ou dans la voiture, pendant le trajet des vacances. Comme toujours, avec mes spectacles, j'aime creuser ma propre expérience d'enfant, retrouver les sensations de ces premiers contacts avec la musique.


Vous parlez de liberté pour Pierre et le Loup, dans quel sens?

SvdS: Pour moi, c'est vraiment l'anti-chaperon rouge. Une sorte de conte moderne. Révolutionnaire, même. Au lieu d'être puni comme Chaperon Rouge, d'avoir désobéi et parlé au loup, Pierre obtient la reconnaissance de tous, parce qu'il a réussi à l'attraper. Le grand-père ronchonne de voir ses pronostics déjoués. C'est une preuve que les vieux n'ont pas toujours raison, et qu'il faut faire confiance à la jeunesse. Un vrai message d'espoir, je trouve. D'ailleurs, j'ai été frappéed'apprendre que la commanditaire de l'oeuvre, Natalia Satz, n'avait que 15 ans lorsqu'elle devint la première directrice d'une section théâtrale et musicale pour enfants du parti, créée dans la foulée de la révolution d'octobre en 1918. C'est très intéressant de voir la part d'autonomie qu'une société réserve à ses enfants. Le théâtre "jeune public", pour moi, c'est la possibilité d'une conquête de l'autonomie par les enfants. C'est ça qui en fait l'intérêt principal. C'est exactement le thème de Pierre et le Loup - et sans doute la raison de son succès, jamais démenti, même avec les enfants d'aujourd'hui.


Pouvez-vous décrire votre projet de mise en scène autour de cette oeuvre?

SvdS: Je voulais parler des souvenirs liés à l'oeuvre. Toute oeuvre d'art, surtout celles qu'on rencontre dans l'enfance, est intimement liée à des sensations multiples, extérieures à elle. Ici, ce sont celles des vacances: la route en camping car. Le camping, c'est aussi une sorte de liberté. Quand nous étions petits, nous vivions comme des sauvages sous tente pendant deux mois. Cela laisse des traces (rires). Nous faisons beaucoup de van avec mes enfants, et je souhaite aussi leur donner des souvenirs heureux. "Nous sommes tes souvenirs", disent les musiciennes dans mon spectacle - "et nous avons décidé de remonter à la surface", ajoutent-elles. Je trouve ça très amusant d'imaginer un "Pierre et le Loup" comme une partie de camping remémorée. La cassette de Gérard Philippe (dont je garde le texte, pour une grande partie) joue un rôle central dans cette dramaturgie. Mais comme je souhaite aussi faire du vrai théâtre pour ainsi dire, j'ai dans l'intention de faire jouer les musiciennes comme des comédiennes, ce qui est le plus grand défi, mais le plus amusant aussi.


Pierre et le Loup - sur la route, sera présenté quatre fois, en sortie de résidence le samedi 31 août au Verger d'Hédenge (près de Jodoigne) et le lendemain, dimanche 1er septembre, dans le jardin de la guinguette de La Fonderie.


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